Résumé de thèse
Face à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements de grande ampleur, l’Organisation des Nations Unies demande à ses pays membres de développer des sociétés qui puissent être à même de faire face à ces événements. En France, depuis 2004 et la loi de la modernisation civile, l’ensemble du processus de réponse à un événement majeur a été revu, pour permettre une meilleure réponse des différents niveaux d’autorités publiques (zonales, départementales et locales) face à de tels événements. L’échelon local, avec à sa tête le Maire, constitue « la sentinelle avancée de la sécurité » 1 ; il est au plus proche des événements de sécurité civile. À ce titre, la réponse à une situation d’événement de sécurité civile, même si elle peut être menée à un niveau plus large, trouve toujours sa source au niveau communal. C’est pourquoi, la loi de 2004 impose aux collectivités locales de réaliser un Plan Communal de Sauvegarde (PCS), qui décrit l’organisation mise en place par la commune pour garantir l’information, l’alerte, la protection et le soutien de la population.
Ces travaux de recherche proposent une méthode d’évaluation a priori de l’organisation locale d’urgence, pour permettre aux instances décisionnaires communales d’identifier des points vulnérables dans leur organisation et ainsi leur fournir une aide à la décision notamment lors de leur préparation. Cette méthode d’évaluation repose sur le formalisme de la modélisation Fonction-Interaction-Structure (FIS) 2, permettant de représenter les liens fonctions-ressources d’un système et de générer des analyses de risques. Cette modélisation permet, d’une part, d’appréhender la complexité des éléments mis en jeu dans l’organisation de gestion d’événements de sécurité civile et d’autre part sert de base pour les mécanismes d’évaluation. Ces derniers sont quant à eux supportés par le formalisme des arbres de défaillance qui combine les défaillances de fonctions, aux défaillances des ressources qu’elles emploient.
Cependant, le formalisme des arbres de défaillance est limitant, car il ne propose qu’une évaluation de la défaillance à deux états discrets (complètement nulle ou complètement avérée).
C’est pourquoi, ces travaux de recherche se sont intéressés à la conception d’une méthode d’évaluation à base d’arbre de défaillance multi-états, c’est-à-dire capable de caractériser la dégradation d’une défaillance sur plus de deux états discrets. Ceci a été réalisé en s’appuyant sur la théorie des systèmes multi-états 3 qu’il a fallu intégrer à la méthode de modélisation retenue. Cela se traduit par une nouvelle définition des événements et des portes pour les arbres de défaillance utilisés dans la modélisation FIS.
Afin d’alimenter la démarche, un questionnaire d’évaluation des ressources a été créé, prenant en compte l’aspect multi-états de leurs défaillances. Les résultats de la dégradation multi-états des fonctions sont quant à eux présentés par un outil de visualisation sous forme de tableau de bord. Ainsi, il est alors possible de caractériser plusieurs états de dégradation des fonctions clés du plan d’urgence et de guider le choix des actions d’amélioration des plans.
1. [Expression employée par MM. Xavier Prétot et Marion dans « la sécurité civile en temps de paix »↩
2. [Flaus, J.-M. (2011). A modelling framework for model based risk analysis. In ESREL (pp. 1533–1540). Troyes - France.]↩
3. [Lisnianski, A., \& Levitin, G. (2003). Multi-State System Reliability (p. 358). Singapore: World Scientific Publishing Co. Pte. Ltd.]↩